Mesures d’accompagnement sociales : « je pense que le président pouvait faire mieux »

Face à la pandémie qui sévit au Burkina Faso, le Président a pris une batterie de mesures sur les plans sanitaire et économique, ainsi que sur le plan social : plan de riposte sanitaire, plan de relance des entreprises sinistrées, suspension de taxes et impôts divers, non-paiement de loyers marchands et de factures d’eau et d’électricité, aides aux personnes vulnérables. Des mesures que certains burkinabé trouvent peu. Une équipe de Fasopic a tendu son micro à certains citoyens qui donnent leurs avis sur ces mesures.

Alfred KADSONDO, habitant de la commune rurale de Saaba

« Hier nous avons écouté avec intérêt le discours du président du Faso. Je ne suis pas satisfait des mesures prises parce que je pense que le président pouvait faire mieux. Certes, il y a eu des mesures d’accompagnement mais ce n’est pas à la hauteur de nos attentes. Si nous prenons par exemple la mesure concernant la réduction ou la suspension des taxes, des impôts et TVA, ce sont des mesures qui concernent les burkinabés nantis. Pour parler des taxes ou impôt il faut déjà avoir une entreprise, alors qu’actuellement il y a peu qui possède des entreprises. Beaucoup de nos populations souffrent pour avoir de quoi manger et dans cette situation on ne peut pas parler de taxe ou de TVA. On attendait à ce qu’il prenne dans mesures spécifiques pour les populations des zones « non loti ». La réduction ou la suspension des factures d’eau ou d’électricité concerne toujours aux citoyens nantis. Nous avons vu qu’il a favorisé une certaines catégories de personnes au détriment de la majeur partie. Ce qu’il oublie, ses électeurs sont ceux qu’il a oublié. Je me rappelle que y a pas longtemps ils sont venus établir des CNIB gratuitement pour nous les habitants des zones non loti, pourquoi ne pas faire la même chose et nous apporter des vivres. Concernant de la gratuité de l’eau dans les fontaines, il a oublié que dans les zones non loti, il n’y a pas de fontaine, ce sont des forages que des particuliers ont installé pour vendre avec les habitants. Est-ce que ces derniers accepteront vendre l’eau gratuitement aux populations ? Aussi concernant les boutiques témoins, on se demande si les règles vont changer ou pas. A ce niveau aussi les prix ne sont pas accessibles à tout le monde. Je m’attendais à ce qu’il donne des directives pour la réouverture des marchés dans un bref délai. Voilà autant de raison qui montre pourquoi je ne suis pas satisfait de ses mesures »

Barthélémy SORGHO, Professeur à Koudougou

« Merci de me permettre de me prononcer sur le discours du président qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. J’ai pu par exemple constater sur les réseaux sociaux que des personnes balayaient du revers de la main tout ce qui a été pris comme mesures sociales par le président. Pendant que certains disent que le président n’a rien dit, d’autres renchérissent en prétendant qu’ils n’ont pas été prises en comptes par ces mesures. Ce sont là quelques exemples que je donne car il y en a beaucoup. Je me suis donc poser la question de savoir s’ils se sont fait raconter le discours ou ils ont pris le soin de le suivre avec analyse et beaucoup de recule! Je crois qu’il y a belle et bien des mesures sociales qui ont été prises et qui méritent d’être saluées à leur juste valeur. Quand on dit que l’eau au sein des ménages et des bornes fontaines sera gratuite, quand on dit que l’électricité sera gratuite pour ceux qui ont un compteur de 3 ampère et la facture réduite à 50% pour ceux qui ont un compteur de 5 ou 10 ampères, ayons le courage d’accepter que ce n’est pas rien ça! Il a aussi fait cas des boutiques témoins et de la prise en charge du loyer dans les marchés et yaars. Pensez-vous que ces exemples que je viens de citer ne sont pas à saluer? Je crois que non!

Toutefois, je reconnais qu’il aurait pu mieux faire car au lieu de passer par les boutiques témoins de la SONAGES par exemple, il aurait pu faire baisser tout simplement les prix des denrées de premières nécessités sur toute l’étendue du territoire. A défaut de cela, qu’il y ait beaucoup de boutiques témoins sur toute l’étendue du territoire nationale et qu’il y ait un suivi sérieux afin que les populations puissent effectivement bénéficier de ces mesures. Aussi pour les fonctionnaires qui ont vu leurs salaires suspendus, il aurait dû prendre un décret abrogeant la suspension desdits salaires car nous sommes en temps de guerre et quand un pays va en guerre, il a besoin de tous ces fils et filles. Ce n’est pas le moment de faire des frustrés et de nous diviser. »

Bernardin OUEDRAOGO, Météorologue à Boromo

« Déjà il faut saluer le courage du Président en prenant ces mesures. Mais il reste beaucoup à faire car ces mesures ne sont pas assez. Concernant la réduction des factures d’électricité ça ne concerne qu’une partie de la population. De plus je pense que ça serais mieux qu’il opte pour la distribution de vivre à l’instar des autre pays. Vu qu’il vient d’avoir un recensement de la population ça devrais être plus facile d’identifier les ménages vulnérables. On attendait plus à la suppression totale de l’IUTS ou partielle sur les indemnités pour non seulement apaiser le climat social et aussi ça seras une sorte d’augmentation de salaire pour les fonctionnaires ».

Francis SAWADOGO, étudiant

« J’apprécie les mesures prises par le président mais mon inquiétude réside au niveau de l’application. Si l’application se passe bien je pense qu’on pourra sortir de cette crise. Selon son discours toutes les couches sont touchées. Ce qu’il ne faut pas oublié, le Burkina Faso n’a pas les moyens comme les autres donc ces mesures sont assez. »

Hamidou KOUGOUINDIGA, mécanicien

« J’apprécie à sa juste valeur les mesures prises par le Président du Faso. Mais il a oublié une grande partie de la population. Concernant la réduction des factures, cela profite à ceux qui ont des parcelles et autres et nous les habitants des zones non loti qu’allons-nous faire ? Pour la réouverture des boutiques de SONAGES, là aussi il y a un problème. Le citoyen lambda ne pourra pas s’acheter un sac de maïs là-bas. Nous les commerçant on a besoin de soutien, on a fermé nos boutiques et on n’a plus de quoi nourrir nos famille. Nous prions Dieu que cette maladie soit endiguée pour que nous puissions reprendre nos activités. »

Propos recueillis par Aubin OUEDRAOGO